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" Mon appareil photo est devenu mon intime confident. Je ne cherche pas à exprimer, mais à recevoir. À capter ce qui surgit. "

 

Née dans la Marne le 22 mars 1964, Sylvette Gublin-Carroll explore depuis toujours les tensions entre mémoire, présence et transformation. Autodidacte du regard, formée par la vie, les matières, les silences et les livres, elle construit depuis plus d'une quinzaine d’années une œuvre photographique intimement liée à son vécu, traversée par les questions de l’intime, de la mémoire, du paysage, et de la présence au monde. Ses images ne documentent pas : elles accueillent, elles écoutent. Elles tissent un lien fragile entre l’expérience sensible et la pensée, entre l’avant et ce qui peut enfin se dire.

 

Son parcours artistique commence dans les années 1980 à Dublin, avec la peinture textile, avant d’évoluer, au fil des mutations personnelles et familiales, vers une pratique photographique nourrie par la philosophie, la musique, la littérature, le paysage, la lumière, et la pensée de l’altérité.

 

Ce n’est qu’en 2008, lors d’un déplacement à Montréal, qu’elle acquiert son premier véritable appareil photo. Ce geste marque un tournant décisif : l’image devient refuge, langage, confidence et recherche. C’est dans le contexte d’un épuisement physique et cognitif, à la suite d’un accident et d’un diagnostic de troubles du langage, que la photographie se révèle comme un acte de résistance, une manière nouvelle de « dire ».

 

Son œuvre s’écrit en séries dont chacune recèle sa propre musicalité, comme des chapitres d’un cycle à la fois chromatique et rythmique, chacune ancrée dans des lieux qui la traversent, créant un vis à vis entre l’état du monde, et les liens avec l’autre, engendrant de profondes transformations intimes. Elle y capte l’ordinaire et l’indicible, dans des compositions où la lumière fait surgir l’inouï.

 

La pensée de François Jullien, la poésie d’Arthur Rimbaud, ou encore l’univers cinématographique d’Apichatpong Weerasethakul ou de Naomi Kawase accompagnent son travail, qu’elle conçoit comme une méditation sur le vivant, l’impermanence et la résonance entre les humains et non-humains. 

 

Depuis 2023, son approche s’est élargie à la co-création avec l’intelligence artificielle mêlée à un retour à la peinture sur textile, donnant naissance à de nouvelles formes d’installations visuelles, pensées comme des espaces sensibles de déambulation, de silence et d’interrogation. Sylvette Gublin-Carroll vit aujourd’hui en région parisienne, dans une maison traversée par un faisceau de lumière jaune, devenue, à son tour, un espace de création. Elle est membre de l’Association Dé-Coïncidences, un chantier de réflexion sur la pensée du vivre en cohérence avec le travail engagé par François Jullien.

                                                                Camille SAUER

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